«Rhapsodiscs» - 2013 -
Installation sonore
RHAPSODISCS se présente sous la forme d’un orchestre mécanique de platines disques 33T. Cinq platines 33T sont posées sur des socles. Les disques 33T photo-luminescents bleus flottent tels des astres dans un mouvement de rotation continu. Les cinq disques sont gravés sur des plages décalées afin de générer des compositions sonores variables, aléatoires et discontinues.
Les compositions sonores accompagnent le film vidéo panoramique. La composition sonore “perpétuelle” interprétée par les platines est aléatoire, les 5 plages sonores des disques se superposent, se font écho, se taisent, se recouvrent... dans une mélodie non préparée... L’assemblage de hauts parleurs de différentes tailles se déploie comme une sculpture et évoque un fragment de “quartier” de grande ville (Shanghai, Pékin, Guyang...), une coupe topographique d’un territoire montagneux ou bien encore l’image d’un son. Les Hauts-Parleurs groupés, diffuseurs de sons, se transforment en socle, maquette d’immeuble, morceau de spectogramme sonore…
Faisant écho au périple chinois, l’installation sonore/vidéo RHAPSODISCS se présente au coeur d’une salle baignée dans l’obscurité, des enceintes aux silhouettes anguleuses rappellent les profils des grands immeubles qui scandent les métropoles. Cinq d’entre elles servent de socles à des platines qui diffusent des compositions gravées sur disques vinyles bleus fluorescents. Le dispositif est accompagné par la projection d'un film en bichromie qui projette une image de ville la nuit en panoramique (dont les séquences ont été réalisées à Pékin, Shanghai, Guyang et dans la province du Guizhou). Traitées en bleu et noir - couleurs omniprésentes dans les vêtements Miao - les images réunies glissent du visible à l’invisible, aux confins de l’éblouissement.
Conçues au départ d’enregistrements effectués en Chine, les plages sonores résonnent en parallèle et se superposent pour former un orchestre. Cette mécanique lumineuse rappelle le mouvement des astres continu et imperceptible. L’isolement et la pénombre favorisent la concentration et l’éveil des sensations. Dans cet espace privilégié, compositions sonores et images se trouvent nettement dissociés, de manière à révéler les enjeux perceptifs liés à leur mise en relation.
La diffusion simultanée du film et de plusieurs pistes sonores confronte le visiteur à la nécessité d’opérer des choix : le voici convié à sélectionner ses points de vue et ses points d’écoute pour élaborer sa propre ligne narrative. La réception s’affirme pleinement comme acte de composition, au même titre que la transmission. L’installation exprime la dimension concrète du son, de même que la composante matérielle de tout enregistrement. Le microsillon offre un caractère palpable aux informations sonores, tandis que la présence sculpturale des haut-parleurs dialogue avec le corps du visiteur. Dans le même temps, les données visuelles contenues dans les vidéos se signalent par une composante abstraite et musicale.
Alexia Creusen octobre 2009