- Archipel Studio - L’espace du monde comme une vaste chambre d’écho où résonneraient et se répondraient les sifflements des oiseaux, ceux des hommes et ceux de la terre en une magique conversation cosmique !… C’est le scénario symphonique et enchanteur auquel Cécile Le Talec nous invite à rêver à travers ses oeuvres sonores. Sa recherche artistique, à la confluence du langage, de la musique et du paysage, est une aventure unique. Une aventure qui la porte d’un bout à l’autre de la planète sur les quelques rares belvédères escarpés du Mexique, des Iles Canaries, de la Chine et d’ailleurs… où se pratiquent les langues sifflées. Insolites langues miroirs des langues parlées, elles constituent un mode de communication et d'échange mélodique, fait du seul souffle.

Depuis plusieurs années, l’art de Cécile Le Talec se nourrit de ce langage sifflé ainsi que du chant des oiseaux, du langage musical et de l’extraordinaire sifflement de la terre, sorte de respiration du monde, pour construire des récits. Récits où le matériau mélodique est la matrice d’un ensemble de sculptures, photographies, dessins, pièces sonores et vidéos qui en echo avec ces langues miroirs, jouent du reflet et de l’inversion et du retournement.

Parfois basées sur une trame fictionnelle, ses oeuvres transportent dans une sorte de « sur-monde » étrange et envoûtant. C’est aussi le cas d’une autre création, The whispers, vidéo en noir et blanc, réalisée en partie à l’Ile aux oiseaux (l’une des Sept Iles au large de Perros-Guirec). Certaines séquences sont sur-exposées jusqu'aux limites du visible : l'image, comme le son, sculpte l’espace du vide. Ce principe de dématérialisation est poussée à l’extrême à travers Les impurs, instruments de musique en verre blanc transparent (flûte, batterie et crystalwaker). Oeuvre antinomique entre fragilité et frappe, elle est portée au défi de la brisure lors d’un concert-performance, Paradoxe céleste, composition cristalline tout en magie de la chinoise Leïleï Tian. Dans cet élan qui la pousse, d’une part à envisager « une respiration communicante », alternative à la communication verbale, d’autre part à aller au-delà de la matière, visuelle ou sonore, Cécile Le Talec tente avec une poésie très personnelle, d’approcher l’essence des choses, le mystère de la parole.

 

Véronique Vauvrecy Archipel Studio - 2008