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«Conversation chilienne» - 2001 - exposition "Entre voisins" galerie BF 15  Lyon

 

 Cette installation tente de mettre en oeuvre un espace sonore sous la forme de projections multiples (projections d’images, de sons qui induisent la construction d’un espace mental, donc d’un espace fictionnel) .

Le film qui est projeté est un long travelling en panoramique et en continu , sur un paysage de montagne (désert et silencieux) , comme hors du temps et dans lequel aucun événement spécifique n’est perceptible. Ce panoramique en continu lorsqu’il est projeté, invite le spectateur a faire l’expérience d’ une perte de repères et d’ un état proche de l’apesanteur, par l’image.

L’installation de cet espace renvoie à l’aménagement de l’espace domestique (intérieur privé) en lieu de projection : sorte de petit arrangement de l’intérieur, ou d’aménagement bricolé afin de transformer pour quelques instants le “salon” privé en salle de projection. Véritable scénographie pour la mise en place d’un dispositif afin de monumentaliser l’image et de rendre spectaculaire des paysages archétypaux (montagne, mer, campagne). Les images/paysages , ainsi présentées se transforment en lieux ou décors de fictions possibles

La conversation que l’on entend, est un dialogue sans fin autour des nouvelles du temps, mais qui ne sont pas localisées précisemment. Il ne s’agit pas d’occuper le champs sonore (conversation de remplissage de vide), mais bien d’une conversation “d’ameublement” : échange verbal autour de phénomènes extérieurs, indéterminés et non totalement prévisibles . Ces dialogues sur les comportements des perturbations météorologiques, utilisent un vocabulaire qui est proche de celui utilisé pour les descriptions de comportements physiques et attitudes générés par une expérience réelle.

Le choix des chaises longues et du faux gazon, renvoie à l’archétype d’un espace de repos extérieur : jardin, terrasse. La position en face à face des chaises ,propose ,en même temps qu’une silhouette de crête, un espace de conversation rapprochée (les jambes se touchent, mais la position générale du corps ne permet pas que les deux participants se voient frontalement) La position qui est ,ici, induite est une posture de vacuité propice à la confidence.

Enfin, la découpe du sol, d’où émergent les chaises, génère une série de plis à l’image des plissements montagneux visibles sur l’écran, les objets mobiliers de jardin semblent des éléments actifs (sortes de pousses mi -végétales mi-objectales) qui s’originent dans un espace en creux non visible puisque sous terrain.

Ici, tout est en différé, l’image, le son, seul le spectateur participe à la fiction en direct, il multiplie par ses déplacements les propositions, il comble le vide du personnage manquant au récit, il fabrique du souvenir.

CLT 2000